Qui sont-ils ?
Découvrez les visages et les parcours des 100 membres de la Convention citoyenne métropolitaine pour le climat.
Des citoyens tirés au sort : la méthode pour assurer la représentativité
Les citoyens présents ont été tirés au sort sur une base de plus de 50 000 personnes habitant la métropole grenobloise. Ils ont accepté
de venir lors des 5 sessions et de travailler avec la métropole sur les enjeux de transition environnementale.
Ils sont représentatifs de la diversité du territoire métropolitain :
• la parité femmes/hommes est respectée.
• la répartition géographique selon le poids démographique est respectée : 43 % habitent le cœur urbain de la métropole – hors Grenoble, 37 % habitent Grenoble, 13 % le périurbain (à noter plusieurs personnes venant des quartiers populaire) et 7 % le rural/montagnard.
• la répartition par tranche d’âge est la suivante : 13 % de 15-24 ans, 10 % de 25-29 ans, 14 % de 30-44 ans, 38 % de 45-59 ans et 25 %de 60 ans et plus.
• avec une représentativité des niveaux de diplômes dans notre territoire.
• et sur les conseils du comité opérationnel, la métropole a fait attention aux points de vue diversifiés par rapport à l’urgence climatique.
Portrait de citoyenne : Elsa K.
Je ne pensais pas qu'une personne jeune comme moi avait une chance de participer.
Au cœur d'une année de césure avec ses études, Elsa travaille actuellement dans une pouponnière. Son baccalauréat en poche depuis l'an dernier, elle teste cette année différents métiers pour comprendre ce qui l'intéresse vraiment. Un fil rouge semble déjà se dessiner pour son avenir professionnel : le domaine de la santé et du soin.
Lorsqu'elle a été appelée mi-janvier lors du tirage au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat, elle a d'abord été « très surprise », puis « curieuse de savoir ce que c'était ». « Pour moi, c'est un évènement important, avec des personnes haut placées, et je ne pensais pas qu'une personne jeune comme moi avait une chance de participer », confie-t-elle. « Le climat, je ne m'y connais pas vraiment, mais ça me touche, car on voit bien les dégâts, les températures importantes l'été, etc. »
Beaucoup de diversité
Ses espoirs sont clairs par rapport à cette aventure collective : acquérir des connaissances et sensibiliser toutes les générations, y compris les plus anciennes « qui nous ont laissé ce travail ». Suite au premier week-end de session, les 5 et 6 mars derniers, elle témoigne : « Au début, je n'étais pas très motivée. J'ai parfois du mal à me mélanger aux gens, mais il y a beaucoup de diversité, cela rapproche les personnes. Lors du travail en petits groupes, je me suis sentie plus à l'aise, on a pu prendre la parole, s'exprimer avec des avis différents. » Son cap pour la suite ? « Personnellement, j'espère que je vais faire des efforts, trier plus, faire attention à ma consommation vestimentaire et alimentaire… »
Portrait de citoyen : Vincent O.
Je crois en l'humain.
Tiré au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat, Vincent Ohoupé a répondu à l'invitation pour deux raisons : la première est qu'il estime avoir son mot à dire sur le climat en tant que citoyen, la seconde est qu'il croit en l'humain. Chef d'équipe sécurité incendie en milieu hospitalier, il s'engage à bras-le-corps dans la Convention, malgré son planning de travail atypique qui peut déborder sur les week-ends. « Au début, j'avais toutes les raisons de ne pas y croire. Mais quand plusieurs personnes, ensemble, croient à un objectif, on y arrive », estime-t-il. Son propos se résume à un proverbe : « Que peut faire un chien dans une bataille où un lion est sorti blessé ? »
Faire tache d’huile
Le parallèle est tout trouvé : « Nous qui sommes de petits citoyens, que peut-on faire avec le climat quand des nations entières ont échoué à l'échelle mondiale ? » Avec une amertume tranquille, il déplore : « Les tentatives mondiales en faveur du climat sont biaisées avec le monde financier : comment comprendre que des lobbys entiers remplacent les semences naturelles par des produits "surnaturels " pour des raisons économiques ? » Alors, pour Vincent, mettre l'humain au cœur du processus est source d'espoir. « Je crois en l'humain et au processus cellulaire : s'il est difficile de changer une masse de personnes, je pense qu'on peut changer individuellement et à notre échelle familiale. Prenons les humains individuellement : nous sommes plus de cent dans la Convention, cela peut faire tache d'huile… Il faut y croire, sinon, ça ne sert à rien d'être là », ajoute-t-il.
PORTRAIT DE CITOYENNE : Dominique L.
Il nous faudra être réalistes.
Plus de vingt années passées chez Air Liquide lui ont donné de solides connaissances dans le domaine des nouvelles énergies. Mais outre cette expérience professionnelle, Dominique Lecocq, cadre dans le secteur de la communication, reconnaît volontiers un intérêt personnel pour les questions climatiques : « Ce sont des sujets particulièrement préoccupants qui m’interpellent depuis déjà quelques années. Je suis très contente d’avoir été tirée au sort pour participer à la Convention citoyenne de la Métropole ! »
Avoir une bonne compréhension des enjeux
Pour elle, c’est avant tout un moyen de contribuer à titre personnel à l’effort collectif que l’enjeu climatique nous impose. « C’est un sujet de long terme, mais plus le temps passe, plus il va être difficile de trouver de bonnes solutions ». Elle reconnaît d’ailleurs « qu’il n’y a pas de solutions miracles. On voudrait tous résoudre ce problème rapidement, mais il nous faudra proposer des actions réalistes et rester dans le cadre de ce qui a été défini par la Métropole et des compétences qu’elle détient pour intervenir dans ce domaine ».
Dominique a beaucoup apprécié le premier week-end de travail de la Convention, les 5 et 6 mars. Elle a senti à travers les différentes interventions la volonté de mettre tout le monde au même niveau, pour que chacun ait une bonne compréhension des enjeux et puisse entrevoir les pistes d’action possibles. « Nous venons d’univers très différents et j’ai trouvé que les participants étaient tous motivés. J’ai envie d’être optimiste. Je serais très déçue si les résultats de nos travaux ne devaient pas être pris en compte, j’aurais alors le sentiment d’avoir perdu mon temps… »
PORTRAIT DE CITOYEN : AYMERIC B.
Il y avait beaucoup de questions.
Jeune diplômé d’un master en développement rural, Aymeric Bosneagu a déjà eu le temps de voir les impacts du réchauffement climatique. Dans le secteur agricole, où il travaille depuis 2019, il y est confronté régulièrement : « C’est le cas pour les productions pérennes, comme l’arboriculture, où les exploitants doivent faire des choix 20 à 30 ans en amont. L’adaptation au changement climatique est une réalité quotidienne. »
Une mise à niveau nécessaire
S’estimant chanceux d’avoir été tiré au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat de la Métropole, Aymeric y voit l’opportunité de s’engager personnellement pour la cause climatique. Un acte de citoyenneté que de nombreux déménagements ne lui avaient pas permis de réaliser auparavant. Le premier temps d’échanges de la Convention, les 5 et 6 mars, a donc été un moment important. « Ce week-end m’a permis de revoir des choses que je pensais acquises, mais qui ne l’étaient pas tant que ça… Cette mise à niveau était nécessaire pour que toutes les personnes présentes partagent les mêmes connaissances. » Il a en effet senti que le climat n’était pas forcément une préoccupation pour tout le monde. Certains étaient là par curiosité, se demandaient à quoi cette Convention allait servir ou avaient peur de perdre leur temps, peut-être parce qu’ils n’avaient pas l’habitude de ce type d’exercice. « Il y avait beaucoup de questions ! Cette diversité dans le public est intéressante, car nous aurons des propositions qui correspondront à la diversité des habitants de l’agglomération. Elles seront acceptées plus facilement. »
PORTRAIT DE CITOYEN : NICOLAS G.
Une étape importante.
Parler du changement climatique, il sait faire. Son métier d’enseignant dans le primaire lui a déjà donné une certaine expérience pour sensibiliser de jeunes élèves à cet enjeu. Pour lui-même et ses enfants, Nicolas Gresse se dit préoccupé par cet avenir qui « risque d’être douloureux ». Après la première session de la Convention, essentiellement consacrée à des apports théoriques, il apprécie cette deuxième rencontre au mois de mai, où le travail en ateliers par petits groupes permet « d’échanger et de croiser les regards. C’est beaucoup plus vivant, on sent qu’on est dans le concret ! »
Tout est lié
L’objectif du week-end était d’imaginer, à partir de l’analyse des quatre scénarios élaborés par l’ADEME (1) pour lutter contre le changement climatique, un avenir bas carbone pour la métropole grenobloise. Impressionné par ce travail prospectif, sur lequel des experts ont planché pendant deux ans, Nicolas Gresse estime que, « pour les citoyens de la Convention, c’est une étape importante, car ces scénarios reposent sur une vision globale de la société et montrent que tout est lié ». Les options prises dans chaque scénario ont en effet des incidences sur tous les aspects de notre vie quotidienne : l’habitat, les déplacements, l’économie, la gouvernance, etc. Mais entre le scénario 1, « qui demande un effort très important de la part de la population », et le scénario 4, « qui n’impacte pas trop nos habitudes, mais qui est un pari sur l’avenir », aucun chemin ne se dégage avec évidence. « Il faudra sans doute recombiner entre elles des idées issues des différents scénarios ». Rendez-vous cet automne !
(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
PORTRAIT DE CITOYENNE : MATHILDE N.
Nos futurs métiers seront liés au changement climatique.
" En tant qu’étudiante ingénieure, je sais que nos futurs métiers seront liés à l’enjeu du changement climatique. Je souhaite d’ailleurs travailler dans ce domaine. » Du haut de ses 21 ans, Mathilde a déjà un point de vue bien arrêté sur les enjeux écologiques et énergétiques. Pourtant, depuis qu’elle participe à la Convention citoyenne pour le climat, elle admet se poser des questions sur son comportement quotidien. « J’étais déjà sensibilisée à ces questions, mais j’avais tendance à opter pour des solutions de facilité. Je me disais que ce n’était pas si grave de laisser la lumière allumée dans une pièce vide… Aujourd’hui, c’est différent, je réalise l’impact que je peux avoir tous les jours sur les émissions de gaz à effet de serre. »
Une vision élargie des enjeux
Après trois sessions particulièrement intenses, elle constate aussi l’évolution dans les débats entre les participants de la Convention. Le troisième week-end a ainsi été marqué par l’apparition de désaccords entre les citoyens sur les leviers à mobiliser pour atteindre la neutralité carbone. Elle reconnaît cependant le chemin parcouru et se sent armée pour aborder les deux prochaines sessions, cet automne, qui seront consacrées à la mise au point d’un programme d’actions. « Nous avons tous un vécu différent. Cela nous donne une perception des enjeux climatiques qui va de notre vie quotidienne jusqu’à l’échelle de la métropole et au-delà. Je pense que cette vision élargie va nous permettre de bien cibler les problèmes et de trouver les meilleures solutions ».
PORTRAIT DE CITOYEN : ANTOINE M.
« J’ai vraiment envie d’entrer dans le cœur du sujet ! »
Il se demandait justement comment participer localement à la lutte contre le changement climatique, lorsque le tirage au sort l’a désigné pour rejoindre la Convention citoyenne pour le climat ! Antoine Murat, jeune maraîcher en agriculture biologique, a saisi cette aubaine avec enthousiasme. Si les trois premières sessions ont surtout eu pour effet de renforcer ses convictions sur la nécessité d’agir sans tarder, il reconnaît volontiers avoir beaucoup appris sur le rôle déterminant que Grenoble-Alpes Métropole joue dans l’organisation du territoire : « Cela m’a permis d’avoir une vision plus juste de ce qu’il est possible de faire et des leviers à actionner, en tenant compte des priorités et des contraintes dont je n’avais pas forcément conscience. »
Se donner enfin les moyens d’agir
Ce travail d’information préalable, partagé avec l’ensemble des citoyens, a été complété lors de la troisième session par un speed meeting climatique, avec de nombreux acteurs privés et publics engagés dans la transition énergétique. « C’était un vrai plaisir de pouvoir échanger sur ces sujets avec des personnes qui ont autant d’expérience. Cela permet de dépasser le stade des discussions amicales sur un sujet qui reste complexe, et d’aller plus loin dans l’analyse et les idées à mettre en œuvre. » Antoine est d’ailleurs impatient d’aborder la suite. « Jusqu’à présent, nous avons "absorbé" beaucoup d’informations. J’ai vraiment envie d’entrer dans le cœur du sujet et de débattre des moyens que l’on va se donner pour faire cette transition ».
PORTRAIT DE CITOYENNE : VALÉRIE R.
J'ai hâte de voir ce qui sortira réellement de la convention citoyenne grenobloise, début 2024.
Quand elle a été appelée pour participer à la Convention citoyenne pour le climat, Valérie, encadrante technique dans un restaurant d'insertion à l'Arlequin à Grenoble, a d'abord hésité : « Qu'est-ce-que j'irai faire là-dedans ? En 2050, je serai morte ! » Puis, Valérie a accepté « pour voir », malgré ses réticences. Depuis les premières sessions de la Convention, elle regarde le monde un peu autrement. « Ma fille m'a dit que j'étais plus sensible à ce qui se passe autour de moi. Par exemple, à la disparition de toute trace de neige dans les massifs au-dessus de Grenoble cet été. Elle a résumé : « maman, tu te réveilles, tu ouvres (enfin) les yeux ! » » Cette évolution se ressent aussi dans son travail avec la demande croissante de plats végétariens ou encore la part du local dans l’approvisionnement. Si la prise de conscience est là, la participante reste dubitative sur la suite de la Convention. « J'ai hâte d'être fin 2023 / début 2024 pour voir ce qu'il en sortira réellement ! Quand on voit ce que la Convention nationale a donné... "
Rendre le local et le bio accessible à tous
Au-delà de son scepticisme, Valérie a ses idées sur des objectifs concrets et des pistes de solutions, qui sont au programme des deux dernières sessions de la Convention. « Si déjà on pouvait faire acheter local ! On a perdu le goût du bon. Les communes ont un rôle à jouer. Mais il faut que les prix suivent, qu'ils soient accessibles pour à peu près tout le monde. Ma fille vit en Allemagne : le bio y est au même prix que le traditionnel. »
PORTRAIT DE CITOYEN : Alix B.
À nous les citoyens de faire en sorte que cela avance.
Faire évoluer l'habitat pour les 25 prochaines années, réfléchir comment construire différemment et plus durablement sont les ambitions qui guident Alix dans son métier d’architecte. Dans ce cadre, il travaille notamment sur l’aménagement d’espaces intérieurs, sur des petits habitats modulaires en bois et, depuis peu, sur la rénovation intérieure des logements touristiques. Autant dire qu'il a appris son tirage au sort à la Convention citoyenne avec gourmandise, « pour améliorer mes connaissances, discuter des solutions, casser les à priori, mais aussi faire de nouvelles rencontres en dehors de mes cercles habituels. » Les premières sessions ont impressionné Alix par la qualité des intervenants, la très grande écoute des citoyens présents et la grande place donnée aux échanges. « On se sent devenir plus acteur des choses. » Elles l'ont aussi convaincu de l'intérêt de réfléchir à une échelle locale. « C'est plus facile de forger des initiatives locales, cela a plus de chance d’aboutir », affirme-t-il.
Et maintenant, faire des choix.
Pour Alix, le plus dur reste cependant à faire dans les dernières sessions. « Il faudra faire des choix et les budgets ne sont pas infinis. Il faudra notamment trancher entre des projets concrets pour des résultats immédiats, ou des actions à moyen terme », explique-t-il. Il voit aussi plus loin. « J'espère que cela va aboutir. Nous, les citoyens, nous n'avons pas le droit de laisser toute la suite aux politiques. C'est à nous de faire en sorte que cela avance. Le rôle des politiques est de nous faciliter la tâche pour que les citoyens soient impliqués et acteurs. Et quelque soit l'issue de la Convention citoyenne, j'en sors grandi. »
PORTRAIT DE CITOYEN : NICOLAS C.
Le changement climatique n’est pas une vue de l’esprit
L’échéance se rapproche. La quatrième et avant-dernière session de la Convention citoyenne pour le climat (les 10 et 11 septembre) a tenu ses promesses : « Le travail était intense, car beaucoup de propositions ont été formulées pendant l’été par les citoyens. Il a fallu toutes les regarder pour voir concrètement comment agir ! » explique Nicolas Chartrain. Ce consultant informatique ne cache ni son intérêt, ni son plaisir de participer à un tel événement. Ses interventions en ateliers comme en séance plénière l’attestent sans équivoque ! L’objectif de cet avant-dernier week-end était de préparer la session finale, en octobre, où la Convention devra voter et se prononcer sur une liste d’actions, qui sera remise aux élus de la Métropole grenobloise.
Préparer la dernière session de la Convention
« D’un point de vue personnel, on apprend beaucoup de choses. Les débats entre nous sont très respectueux, on s’écoute mutuellement et on peut argumenter et présenter nos idées. C’est très positif, même si le manque de temps pour approfondir les sujets est un peu frustrant » reconnaît Nicolas, tout en saluant l’équipe d’animation pour son organisation, qui permet à chacun de donner son avis.
Préoccupé de longue date par le réchauffement climatique, il a observé avec inquiétude la canicule et les incendies de forêt qui ont fait l’actualité de ces derniers mois : « On a démarré ce travail avec l’espoir d’avoir un peu de temps pour mettre en place les actions, d’ici 2030 ou 2050, mais les choses se sont accélérées et les événements de cet été nous ont montré que le changement climatique n’était pas une vue de l’esprit. »
PORTRAIT DE CITOYENNE : Évelyne T.
Le contact des autres participants enrichit notre point de vue
Lorsqu’Évelyne apprend qu’elle est tirée au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes Métropole, sa surprise est grande : « Heureusement, une dame très sympathique au téléphone m’a rassurée. J’ai trouvé qu’il était intéressant d’y participer, que cet événement pouvait apporter beaucoup d’informations, à titre individuel et collectif. » Sensible depuis toujours aux problématiques environnementales, Évelyne s’efforce au quotidien d’adopter une démarche vertueuse. « Je ne savais pas s’il était possible, avec mes petits moyens, de faire encore mieux. En ce sens, la Convention citoyenne peut nous éclairer. » Son implication lui a donné des clés de réflexion au-delà de ce qu’elle avait imaginé. En discutant de certaines thématiques, elle s’est aperçue de la diversité des points de vue, relatifs aux différents vécus, aux expériences, aux contraintes des uns et des autres, sur un territoire aux multiples facettes.
« Rassembler et classer les initiatives de manière pragmatique »
Aujourd’hui, Évelyne nuance ses positions : « L’échange nous fait évoluer, le contact des autres participants enrichit notre propre point de vue pour tendre vers des actions qui prennent en compte le quotidien de tous les habitants. » Ce fut le cas à propos des mobilités, un sujet qui a cristallisé les passions.À propos de l’usage des véhicules électriques, Évelyne a été amenée à voir « plus loin ». « Leur généralisation ne risque-t-elle pas de masquer le véritable enjeu du changement des habitudes de déplacement ? », s’interroge-t-elle aujourd’hui. Si elle reste confiante en l’intelligence collective stimulée par cette Convention, Évelyne attend maintenant de voir comment « la Métropole de Grenoble pourra rassembler et classer de manière pragmatique les initiatives à sa portée ». Tout en relevant que certaines actions à mettre en place ne sont pas du ressort métropolitain, mais nécessiteront des réformes et des modifications de la loi - l’avocate qu’elle est en sait quelque chose.
PORTRAIT DE CITOYENNE : AURÉLIE P.
Si tout le monde s'y met, changer les choses devient possible
Aurélie a participé à l'expérience de la Convention citoyenne pour le climat, qui a eu lieu de mars à octobre 2022 dans la métropole grenobloise « Je me suis vraiment rendu compte du caractère d'urgence par rapport au climat et j'ai réalisé que chaque action compte. Personnellement, j'ai changé ma vision et mes habitudes : je suis passée en mode collectif et collaboratif. (...) J'ai appris des choses par des personnes que je n'avais pas l'habitude de voir. Par exemple, je n'avais jamais rencontré un glaciologue ou de spécialistes du climat... J'ai trouvé leurs approches très intéressantes », raconte-t-elle.
Ce qu'elle a apprécié dans la méthodologie proposée par Res publica pour faire participer les citoyens aux travaux de la Convention, c'est l'organisation qui a démarré en petits groupes de 4 à 5 personnes. Au fur et à mesure, les groupes s'agrandissaient jusqu'à ce que tout le monde se retrouve en séance plénière pour clore le chapitre et voter ensemble les propositions. « Commencer à discuter en petit comité est un bon moyen pour entendre et faire parler tout le monde », précise-t-elle. Cependant, la citoyenne regrette le manque de temps lors de la dernière session. « Laisser plus de temps pour décanter ; cela m'a manqué. Il y a eu de la frustration, c'était très condensé. Le vote final des propositions était nécessaire, mais pénible et long. J'étais collée au siège pour ne rien rater ! », explique-t-elle.
« J'ai changé ma vision au fil des discussions, en pensant à la planète et au collectif »
La citoyenne dit se retrouver « globalement » dans les propositions votées lors de la Convention ; propositions élaborées dans l'objectif d'atteindre la neutralité carbone sur le territoire métropolitain. Toutefois, elle exprime le sentiment que celles-ci restent trop individualistes. « Par exemple, j'ai toujours été contre le péage urbain en tant qu'automobiliste. Mais j'ai changé ma vision au fil des discussions, en pensant à la planète et au collectif. J'ai voté pour le péage urbain, mais la proposition n'est pas passée... C'est dans les débats et les échange que l'on change la vision de notre "petit nombril". »
Ambassadrice de la Convention ?
Aurélie poursuit son implication pour l'environnement au-delà de la Convention. À son échelle personnelle d'abord : arrêt de consommation de viande et de bouteilles en plastique, sensibilisation autour d'elle, changement de sa façon de conduire, etc. Elle fait aussi partie d'un noyau de Conventionnés qui poursuit l'aventure en racontant leur histoire, notamment auprès des collectivités. Avec d'autres « collègues », elle est venue présenter les 219 propositions lors du Conseil métropolitain du 14 octobre dernier, à Grenoble. « Cela me faisait peur... Finalement, avec le groupe, on s'est bien complétés. On nous a donné une chance de faire des choses qu'on n'a pas l'habitude de faire, il faut la saisir. C'est une expérience personnelle et collective exceptionnelle. Nous sommes fiers de ce que nous avons présenté et d'avoir le rapport final et imprimé en main ! Même quand certains élus étaient réticents, on a expliqué calmement les choses. Maintenant quand on me dit « on ne peut pas changer », je réponds que si, si tout le monde s'y met, c'est possible ! »
PORTRAIT DE CITOYEN : OLIVIER C.
J’ai beaucoup travaillé en me documentant
La dernière session de la Convention, les 8 et 9 octobre derniers, qui a vu le vote des actions proposées aux élus de la métropole grenobloise, a été bien remplie. Pas de quoi entamer l’enthousiasme d’Olivier ! Lui, qui avoue volontiers qu’il n’était pas spécialement sensibilisé aux problèmes climatiques avant de participer à cet événement, en retire une profonde satisfaction. « J’ai appris beaucoup de choses ! J’ai aussi beaucoup travaillé en me documentant et en constituant un dossier d’une centaine de pages sur les thèmes qui m’intéressent plus particulièrement, comme la mobilité, les énergies, l’alimentation, etc. »
Pour que les changements soient progressifs
Sa satisfaction est d’autant plus grande qu’il a été un peu surpris de la réaction du président de Grenoble-Alpes-Grenoble, Christophe Ferrari, à l’écoute des propositions. Ce dernier a en effet souligné que nombre d’actions étaient plus ambitieuses que ce qui était actuellement mis en œuvre. Olivier est lui-même à l’origine d’une dizaine de propositions. Si toutes n’ont pas été votées comme prioritaires, il a toujours insisté pour que les changements se fassent de manière progressive, plutôt que de les imposer directement. « Cela permet de convaincre plus de personnes », assure-t-il en ne cachant pas une pointe de frustration : « En votant les actions, nous nous sommes rendu compte que nous avions oublié certaines choses. Mais nous ne sommes pas des experts et nous n’avons pas eu le temps de tout voir. Le plus important est que nous avons exprimé des idées qui nous paraissent sensées, viables et socialement acceptables ».