Neutralité carbone en 2050 : quatre scénarios pour réfléchir

22 mai 2022

Citoyens au travail - session 2

La deuxième session de la Convention citoyenne, les 7 et 8 mai derniers, était consacrée aux scénarios de lutte contre le réchauffement climatique réalisés par l’ADEME. Un travail qui a alimenté la réflexion des participants sur leur vision à long terme de la métropole.

LocalFocus
Séquence d'information sur les quatre scénarios de l'ADEME - 7 mai 2022

« La prospective, ce n’est pas une boule de cristal ! » En introduisant avec humour une séance qui s’annonçait complexe, Clément Frossard, chargé de mission prospective à Grenoble-Alpes Métropole, résumait bien l’enjeu de cette deuxième rencontre de la Convention citoyenne. S’il faut agir rapidement face au défi climatique, nos décisions doivent s’appuyer sur des connaissances solides, mais également une vision précise de la société dans laquelle nous souhaitons vivre… et du chemin à emprunter pour y parvenir. Ce travail, qui consiste à voir « loin » en confrontant les points de vue, a été fait par l’ADEME, l’Agence de la transition écologique. Deux années d’analyse menées par de nombreux experts issus de tous les domaines (climat, énergie, urbanisme, économie, agriculture, etc.) ont été nécessaires pour élaborer quatre scénarios qui permettraient d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Observer les conséquences de nos choix

Benoît Prunel, du bureau d’études Enerdata
Benoît Prunel, du bureau d’études Enerdata : LocalFocus
Benoît Prunel, du bureau d’études Enerdata

Pour Benoît Prunel, du bureau d’études Enerdata, qui a participé à ce travail prospectif avec l’ADEME, « l’objectif de ces scénarios est de poser des choix et d’observer leurs conséquences ». Quatre chemins distincts ont été élaborés, tous compatibles avec la neutralité carbone, mais reposant sur des choix technologiques et des modèles de société volontairement contrastés. Ces scénarios s’intéressent à l’habitat, à l’alimentation, à l’industrie, aux transports, à la construction, etc., et font varier ces thématiques comme des curseurs pour dessiner les modes de vie correspondants, qui nous aident à imaginer l’avenir.

Les deux scénarios extrêmes sont intitulés Génération frugale (S1) et Pari réparateur (S4). S4 fait le pari que nous trouverons, par l’innovation (efficacité énergétique, intelligence artificielle, captage industriel du carbone, agriculture intensive, etc.), les moyens de maintenir notre mode de vie actuel. Il repose sur notre capacité future à réparer les dégâts environnementaux. S1 mise au contraire sur les low-tech, le recyclage et le développement de l’économie locale. Il implique une forte réduction de la mobilité et de la consommation de viande, ainsi que le partage des lieux de vie. La nature est sanctuarisée.

Entre frugalité et technologie, des scénarios contrastés

Entre ces positions radicalement opposées, les deux scénarios intermédiaires présentent des réponses graduées. Coopérations territoriales (S2) mise aussi sur la frugalité, tout en mettant l’accent sur le rééquilibrage entre les métropoles, les villes moyennes et les espaces ruraux. Technologies vertes (S3) se rapproche de S4 pour l’importance des nouvelles technologies, plus orientées cependant vers une croissance verte.

Ces scénarios soulèvent de nombreuses questions, dont les participants à la Convention se sont rapidement fait l’écho : Sommes-nous capables d’abandonner nos habitudes consuméristes pour adopter la sobriété de S1 ? Le pari de S4 de tout miser sur l’innovation n’est-il pas une fuite en avant ? Comment prendre en compte les inégalités sociales ? Faut-il inciter ou contraindre par la réglementation ? Il faut se plonger dans ce travail prospectif passionnant, que l’ADEME confronte avec la poursuite de l’évolution actuelle, si nous ne faisons rien. Cette comparaison montre les efforts à accomplir. Elle met aussi en évidence un point commun à tous les scénarios : la nécessité d’agir rapidement.

Les 4 scénarios de l’ADEME sont disponibles sur www.transitions2050.ademe.fr