Inscrire les conventions citoyennes dans le fonctionnement de nos institutions.

10 août 2022

Interview

Loïc Blondiaux, politologue, spécialiste de la représentation, garant de la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes Métropole

Loïc Blondiaux, politologue, spécialiste de la représentation, garant de la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes Métropole
Loïc Blondiaux, politologue, spécialiste de la représentation, garant de la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes Métropole : LocalFocus
Loïc Blondiaux, politologue, spécialiste de la représentation, garant de la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes Métropole

Quel est votre regard sur le déroulement de la Convention citoyenne pour le climat de la métropole grenobloise ?

Nous sommes à la 3e session et, pour l’instant, tout se passe comme on l’attendait, avec une très forte implication des citoyens, un sérieux assez incroyable. Peu de citoyens ont quitté le navire en cours de route ! Au cours de ce week-end, ils ont parachevé le processus d’information en étant à l’écoute d’un grand nombre d’experts et de porteurs de projets. Ils vont commencer à délibérer, c’est-à-dire à prioriser leurs intentions. On entre dans le noyau dur de la Convention, qui est essentiel à la réussite du dispositif.

CLASSEMENT DES LEVIERS D’ACTIONS
CLASSEMENT DES LEVIERS D’ACTIONS : LocalFocus
CLASSEMENT DES LEVIERS D’ACTIONS

Quel impact peut avoir une telle action sur le fonctionnement démocratique ?

D’une manière générale, toutes les initiatives qui cherchent à inclure les citoyens dans le processus de décision me semblent indispensables. L’état de dérèglement de la démocratie représentative nécessite de faire preuve d’imagination démocratique. Il est impératif d’inviter les citoyens à réfléchir et à s’informer sur les affaires politiques. C’est essentiel à la revitalisation de la démocratie. On observe d’ailleurs que ces dispositifs produisent de l’engagement chez les citoyens. La Convention nationale sur le climat a montré qu’une partie d’entre eux s’était présentée aux élections ou continuait à défendre les dossiers qu’ils avaient travaillés au sein de la Convention.

Comment voyez-vous l’avenir de ces dispositifs ?

On assiste à la multiplication de ce genre d’expérience. À l’échelle locale, plusieurs initiatives ont eu lieu sur le Covid, le climat ou d’autres questions de l’action publique. Au niveau national, il y a eu la Convention pour le climat en France, mais il y en a eu en Angleterre, en Écosse et l’Espagne est en train d’en mettre en place. À l’échelle européenne, la conférence sur le futur de l’Europe met en avant le besoin de faire intervenir les citoyens. Il y a même eu une expérience d’assemblée citoyenne sur le climat à l’échelle mondiale, avec des personnes de toutes les parties du monde tirés au sort de manière rigoureuse, qui a été organisée avant la Cop 26. L’OCDE(1), qui étudie les politiques publiques au niveau international, a recensé plus de 550 expériences au cours des dix dernières années !

Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’institutionnalisation de ces dispositifs. Il faut faire en sorte que ce ne soit plus des expériences exceptionnelles, mais qu’elles s’inscrivent dans le fonctionnement ordinaire de nos institutions.

(1) Organisation de Coopération de Développement Economiques