À quand la prochaine Convention citoyenne de la Métropole ?

15 décembre 2022

Interview

Marie-Sylvie Dhénin a été une des participantes tirées au sort lors de la Convention citoyenne pour le climat nationale, en 2019-2020. À ce titre, cette professeure des écoles, habitante du Vercors, a été choisie pour être l'une des garantes de la Convention de la métropole grenobloise. Témoignage.

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Marie-Sylvie Dhénin, garante de la Convention citoyenne pour le climat de la métropole grenobloise

En tant que garante de la Convention citoyenne métropolitaine pour le climat, quel a été votre rôle ?

Marie-Sylvie Dhénin : Il s'agissait de s'assurer que le processus se passe correctement, que les citoyens ne soient pas importunés par d'éventuels groupes lobbyistes, que les votes soient faits dans les règles, etc. Il m'est arrivé d'intervenir en session finale lors du vote pour dénoncer la formulation d'une proposition qui, en l'état, énonçait un fait erroné. Egalement, pour permettre à d'autres propositions d'être votées en deux temps, afin d'équilibrer la bonne répartition des voix. Mais globalement, je suis peu intervenue car cela s'est bien passé.

Concernant la participation citoyenne : est-ce que cela a « fonctionné » selon vous ?

Oui, le processus a bien fonctionné d'une manière générale. Les citoyens étaient bien investis, alors que les journées étaient très intenses, et l'indemnisation assez peu incitative. Ils ont fait part d'une belle motivation. Concernant les propositions, j'ai le sentiment que les citoyens se sont retenus de les pousser vers des mesures trop contraignantes. Ils se sont davantage tournés vers des actions de sensibilisation ou d'accompagnement que vers des restrictions. J'ai aussi senti des disparités entre eux : les plus jeunes notamment, voulaient faire en sorte que ça change plus vite et plus radicalement. Faire des efforts pour la transition, cela demande à changer ses habitudes de vie et à renoncer à beaucoup de choses. Tout le monde n'y est pas prêt.

Quels grands enseignements retirez-vous de cette expérience ?

J'ai trouvé intéressant de décliner une Convention sur le climat à l'échelle locale. Je me demande à quel point ce n'est pas plus efficace qu'une « grosse » Convention nationale. À l'échelle d'un territoire, chaque se sent plus concerné par ce qu'il se passe « devant sa porte ». Par ailleurs, l'expérience tire les participants vers le haut en matière de formation citoyenne et d'acquisition de compétences. C'est très formateur de prendre la parole devant un grand groupe, d'échanger dans le respect de chacun, d'argumenter ses idées et points de vue comme ils l'ont fait. Je les ai d'ailleurs trouvés admirables lors du conseil métropolitain du 14 octobre. Les citoyens tirés au sort sont des personnes qui ne vont pas forcément d'eux-mêmes vers ce type de processus démocratique.

Qu'est-ce qui fait que cette Convention sera réussie selon vous ?

La collaboration des politiques avec le travail effectué par les citoyens. J'ai le sentiment qu'au niveau des services techniques et des élus de la Métropole, il y a une volonté réelle de travailler sur ces sujets de manière approfondie et perspicace. J'ai toutefois senti une réserve de la part de certains élus lors du conseil métropolitain du 14 octobre, même si l'atmosphère globale semblait plutôt bienveillante. Les gens « contre » prennent souvent la parole haut et fort... Mais les autres étaient prêts à collaborer. Je suis assez confiante. J'espère que je ne me trompe pas ! En tout cas, ça ne sera pas de ma faute si, après, ils ne sont pas à la hauteur de mes espoirs ! (rires)

La Convention nationale semble avoir beaucoup déçu. Vous qui l'avez vécu de l'intérieur, quel est votre ressenti ?

Presque toutes les mesures que nous avions proposées ont été édulcorées et amoindries. Cependant, je fais partie des moins déçus, car, depuis la nationale, la thématique du réchauffement climatique est devenue incontournable. C'est désormais une préoccupation de tout un chacun, alors que pendant des décennies, des chercheurs ont prêché dans le désert (c'est le cas de le dire !). Avec la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l'inflation galopante, on replonge dans nos travaux et ça fait gagner du temps. Mais ce qui est regrettable c'est qu'on le fasse pour des raisons conjoncturelles économiques et pas pour des vrais besoins de transition écologique.

Le mot de la fin ?

Personnellement, à l'issue de la Convention nationale, j'ai beaucoup milité pour qu'une autre Convention ait lieu sur le thème de la fin de vie. À quand la prochaine Convention de la Métropole, et sur quel thème ?